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Rik Coosemans
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Théatre National > Grande Salle

La conversion utopique

Miguel Abensour

Français


Plutôt que d'aborder l'utopie de l'extérieur, à partir des définitions du dictionnaire, sera tenté ici d'approcher l'utopie de l'intérieur en la concevant d'abord comme une expérience de conversion. Pourquoi la conversion utopique, si ce n'est pour mettre en lumière un mouvement qui consiste à quitter quelque chose pour se tourner vers quelque chose d'autre, un processus dynamique qui se détourne de l'ordre établi pour se tourner vers " l'expression imaginative d'un monde nouveau" (Marx). Encore convient-il de répondre à la question: comment s'opère ce virage qui vise à sortir d'un sommeil dogmatique et à provoquer l'éveil ? Je distinguerai deux voies ou deux techniques de l'éveil . L'une , "la mise entre parenthèses" de l'ordre établi, proche de "l'époché" phénoménologique ou la suspension de la thèse du monde (Emmanuel Levinas). L'autre l'image dialectique de Walter Benjamin. Partant de l'ambiguïté des utopies où coexistent l'image utopique et l'image mythique , W. Benjamin s'efforce  de sauver les utopies , de faire en sorte que l'image de rêve se transforme en image dialectique et produise l'événement du choc des contradictions.

Que signifie penser la conversion utopique sous le signe de l'éveil ? Alors que le savoir du monde pense l'utopie du côté du mythe, de l'idéologie , bref  de l'illusion, il s'agit de renverser cette tendance et de bouleverser du même coup le statut de l'utopie. L'utopie, loin de nourrir des illusions se situe désormais, de par la transcendance du réel, de par la suspension du côté d'une conscience vraie. L'utopiste n'est plus un "marchand de sommeil" , mais une force incomparable d'éveil historique.

Conférence de Miguel Abensour (professeur de philosophie politique à l’Université Paris VII, collaborateur aux revues Textures, Libre et Tumultes, auteur, notamment, de L'Utopie de Thomas More à Walter Benjamin (2000), Rire des lois, du magistrat et des dieux : l'impulsion Saint-Just (2005), L’Homme est un animal utopique (2010) et Le Procès des maîtres rêveurs (nouvelle édition augmentée) / Utopiques (2011.).

Introduite par Martin Legros (rédacteur en chef de Philosophie Magazine)

Partenariat : Présence et Action Culturelles et Philosophie Magazine.



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