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Thématique 2022: Déchaîner les liens

Propre aux sociétés humaines, la solidarité constitue une nécessité de survie tout autant qu’une construction sociale. Elle s’appuie sur des valeurs, des croyances, des identités d’appartenance, des protocoles ou encore des éthiques et revêt dès lors divers intérêts ou formes d’exercices. Dans tous les cas, elle semble marquer la concrétisation d’une conscience collective. Les États de droit modernes sont portés par des idéaux égalitaristes et émancipateurs, organisant une solidarité qui tend à réduire, et c’est là le paradoxe, les injustices et inégalités structurelles pourtant liées à leurs fonctionnements.

Par ailleurs, les individus et les collectivités sont aussi aux prises avec des ambiguïtés dans la responsabilité solidaire : peut-on vraiment être solidaire de ce que l’on ne voit pas, de ce que l’on ne connaît pas, voire que l’on méconnaît ? Ou est-ce à l’inverse le sentiment de solidarité qui pousse à aller vers l’altérité inconnue ou méconnue, devenant ainsi une source de savoir et de transcendance de frontières préétablies, d’acquisition d’un sentiment de responsabilité élargie et de construction d’un avenir commun ? De qui sommes-nous solidaires ? De quelles causes souhaitons-nous, a contrario, nous désolidariser ? Comment les affects traversent-ils nos engagements ? Que dit l’entraide de la constitution et des renforcements des groupes sociaux ? Toute solidarité est-elle souhaitable ? Que dire dès lors des corporatismes et autres défenses d’intérêts particuliers ? Quelles sont les solidarités progressistes qui contribuent à l’intérêt général en tant que responsabilité démocratique ? Comment réaffirmer le besoin de structuration des solidarités sans perdre de vue l’importance des responsabilités individuelles dans le vivre ensemble ?