De campagnes électorales en reportage médiatique, les « antisystèmes » ont la cote. Utilisé à toutes les sauces, à propos de mouvements ou de personnalités que tout oppose et dont certaines usent de tous les rouages des systèmes dominants, l’antisystème est une auberge espagnole où chacun apporte ce qui lui rapporte. Le concept est aussi pratique qu’il est plastique. Et si tout le monde se proclame antisystème, qui reste-t-il dans le système ? Celui-ci n’en devient que plus obscur et nébuleux. La plupart de ceux qui s’en démarquent se gardent bien de préciser ce qu’ils entendent par système si ce n’est que c’est le responsable de tous les maux, l’épouvantail, le bouc émissaire qui dédouane tous ceux qui le tiennent à distance. On ne s’en sort pas à si bon compte. La notion s’avère bien plus complexe. Solaire ou scolaire, électoral ou électrique, judiciaire ou monétaire, capitaliste ou communiste, éco ou D, on trouve des systèmes partout.
Fidèle à sa démarche critique, le Festival des Libertés 2017 tentera de démêler l’imbroglio en interrogeant sous toutes ses coutures le concept de système, sa complexité et sa nécessité, ses usages et ses mirages, sa portée et ses protections, ses ramifications et ses machinations, ses détournements et ses retournements. Ce sera l’occasion d’évaluer le caractère systémique des multiples crises qui menacent l’épanouissement des libertés, des solidarités ou de la planète. Et de confronter les manières d’y répondre en questionnant leur rapport à l’idée de système et en se méfiant des prétendues alternatives qui ne font que pérenniser ou agrémenter les systèmes de domination.